Les activités du GDR

Flower Power – Ressources florales pour les insectes pollinisateurs

par | 27/06/2022

Constitution du groupe de travail ‘Flower Power ’ :
Ressources florales pour les insectes pollinisateurs

Référents

Mathilde Baude, Université d’Orléans
LBLGC – Equipe entomologie et biologie intégrée
Université d’Orléans – Rue de Chartres – BP 6759
45067 ORLEANS Cedex 2
mathilde.baude@univ-orleans.fr

Anne Laure Jacquemart, Université catholique de Louvain
Earth and Life Institute – Agronomy
Plant Ecology, eco-Physiology and sustainable Agriculture
Croix du sud, 2 box L7.05.14 – 1348 Louvain-la-Neuve
anne-laure.jacquemart@uclouvain.be

Contexte

Parmi les causes impliquées dans le déclin des insectes pollinisateurs, la perte, la fragmentation et la dégradation des biotopes apparaissent comme des facteurs prédominants (Vanbergen et al. 2013). Cela a pour effet d’entrainer une raréfaction des ressources florales disponibles pour les insectes pollinisateurs à l’échelle des paysages, notamment agricoles, marquée par de potentielles périodes de disettes alimentaires (Baude et al. 2016, Requier et al. 2016, Timberlake et al. 2019, Langlois et al. 2020). Enrayer le déclin des insectes pollinisateurs nécessite de mener des recherches sur la valeur nutritionnelle des plantes à fleurs, notamment afin de proposer des aménagements conduisant à l’apport de ressources continu et de qualité nutritionnelle suffisante tout au long de la saison. Outre les quantités de ressources disponibles déterminées par le potentiel nectarifère et pollinifère des plantes, les compositions chimiques du nectar et du pollen sont essentielles à considérer. En effet, la qualité nutritionnelle des pollens (protéines, acides aminés, lipides) influence directement la reproduction, la croissance des larves et la santé des pollinisateurs majeurs que sont les abeilles (tant domestique que sauvages).

Le financement en 2020 du projet Flower Power nous a tout d’abord permis d’organiser une première session de travail autour des ressources florales, qui a réuni une dizaine de chercheurs et ingénieurs de France et de Belgique. Nous nous sommes accordés sur les variables d’intérêts à intégrer à notre base de données : traits floraux (morphologie, couleur, …) ainsi que quantités et compositions chimiques des nectars et des pollens. En compilant les données déjà disponibles dans les différents laboratoires du réseau GDR, nous avons pu faire un état des lieux. Celui-ci reflète surtout du manque d’informations pour de nombreuses espèces des Flores française et belge. A partir des 571 espèces de plantes les plus communes en France (suivi VigieFlore 2019), il s’avère que nous disposons de données quantifiées pour 243 espèces en ce qui concerne la quantité de nectar, 159 pour la quantité de pollen et une cinquantaine d’espèces pour la composition chimique (protéines, lipides, sucres) des pollens et nectars. Ce bilan révèle l’importance de continuer l’effort d’échantillonnage, en particulier des pollens. Nous avons donc initié un travail d’analyse de la composition (protéines, acides aminés et stérols) à partir de collectes réalisées en 2020 par des volontaires en France et en Belgique. Un appel à participation a été diffusé auprès des réseaux de botanistes (VigieFlore, Télabotanica – voir documents joints) pour récolter du pollen d’espèces d’intérêts (lierre, vipérine, marguerite, etc). Ce projet pilote a très bien fonctionné et les échantillons récoltés sont actuellement en cours d’analyse dans le laboratoire d’Anne- Laure Jacquemart à l’UCLouvain.

Objectifs du projet Flower Power – v2

Le projet ‘Flower Power – v2’ propose (1) de compléter la base de données à partir de collectes de terrains et de recherches bibliographiques et (2) d’amplifier le programme de collecte de pollen engagé auprès des botanistes volontaires afin de couvrir une gamme d’espèces plus large et une couverture géographique plus vaste. Nous envisageons de récolter du pollen pour 25 espèces (5 espèces appartenant à 5 familles botaniques) afin d’étudier les rôles respectifs de la phylogénie, la dépendance des plantes aux insectes pollinisateurs pour leur reproduction et du contexte environnemental dans la composition biochimique des pollens. En effet, nous pouvons faire l’hypothèse que les espèces de plantes proches phylogénétiquement (par exemple de la même famille botanique) pourraient présenter des compositions biochimiques des pollens proches ; que le fait que les plantes qui dépendent des insectes pollinisateurs pour leur reproduction pourrait présenter des pollens de bonnes qualités nutritionnels pour les pollinisateurs par pression de sélection et que les conditions environnementales (par exemple liées aux conditions climatiques) pourraient aussi amener de la variation dans la composition biochimiques des pollens au sein même d’une espèce.

Personnes impliquées

Mathilde Baude (Université d’Orléans LBLGC)
Anne Laure Jacquemart (UCLouvain- ELI-A)
Isabelle Dajoz (Université Paris 7 Iees)
Colin Fontaine (MNHN CNRS)
Jérémy Goulnick (Noé et Agir ensemble pour les pollinisateurs sauvages)
Gabrielle Martin (MNHN, VigieFlore)
Alice Michelot-Antalik (Université de Lorraine, LAE)
Jean François Odoux (Université de Caen)
Remy Petit (INRA Biogeco, Bordeaux)
Emmanuelle Porcher (MNHN, VigieFlore)
Bertrand Schatz (CNRS CEFE Montpellier, GDR Pollineco)
Maryse Vanderplanck (Université de Mons)

— Brèves —

  • Save the date – Colloque Pollineco 2025 à Avignon du 5 au 7 novembre
    L’édition 2025 du colloque Pollineco est organisée par l’unité Inrae Abeilles & Environnement, à Avignon. Le colloque sera accueilli du 5 au 7 novembre au campus Hannah Arendt de l’université d’Avignon (Avignon intra-muros). Toutes les informations pratiques pour les inscriptions vous seront communiquées d’ici le mois de juin, via les actualités Pollineco et sur un site web dédié.
  • Prochaine édition des rencontres Apoïdea-Gallica – 2025
    Les prochaines rencontres Apoïdea-Gallica auront lieu le week-end du 15-16 février à l'agro-campus Dijon -Lycée ODS Quetigny (21). Pour plus d'informations sur ces journées ou vous inscrire à la liste de diffusion Apoïdea Gallica, c'est pas ici : https://framalistes.org/sympa/subscribe/apoidea-gallica
  • Liste Rouge des abeilles sauvages de France métropolitaine : appel aux données
     

    C'est la dernière ligne droite pour la collecte des données concernant le projet de Liste Rouge des abeilles sauvages de France métropolitaine. Afin de finaliser ce projet, l'observatoire des abeilles et le MNHN ont besoin de données sur les Apoidea, comprenant les informations suivantes : Espèces, Date, Coordonnées GPS, Collecteur, Identificateur, Fleurs pollinisées (si possible).

    La date limite pour la soumission des données est fixée à la fin de l'année 2024, il vous reste donc un mois pour leur envoyer vos contributions afin qu'elles soient prises en compte pour la Liste Rouge.

    Si vous avez des données à partager ou des questions, n'hésitez pas à contacter Dominique Malécot à l'adresse suivante : observatoiredesabeillesbdd@gmail.com, ou bien Priscan Mahe à : prisca.mahe@mnhn.fr

     

  • Un demi-million de morts par an seraient attribuables au déclin des insectes pollinisateurs
    Des chercheurs de l’université Harvard ont modélisé l’impact du défaut de pollinisation sur la production agricole, les prix et les effets induits sur l’alimentation et la santé. Si les scientifiques chiffrent souvent en dollars les dégradations de l’environnement, leurs effets sanitaires, de fait, sont souvent bien plus difficiles à évaluer. Une équipe pilotée par l’université Harvard (Etats-Unis) s’est attelée à cet exercice délicat, s’agissant des effets de l’effondrement des insectes pollinisateurs. Publiés dans la dernière livraison de la revue Environmental Health Perspectives, en décembre 2022, ses résultats sont frappants : à l’échelle mondiale, l’impact alimentaire du défaut de pollinisation des cultures serait responsable de près d’un demi-million de morts prématurées par an. Un chiffre sans doute en deçà de la réalité, selon les auteurs. Ces derniers ont d’abord évalué, région par région, les effets de la chute des populations de pollinisateurs sauvages (bourdons, syrphes, papillons, etc.) sur la production agricole. « Leurs résultats indiquent que de 3 % à 5 % de la production de fruits, légumes et fruits à coque sont perdus en raison d’une pollinisation insuffisante », décrypte Josef Settele (Helmholtz Centre for Environmental Research de Halle, Allemagne), qui n’a pas participé à ces travaux. Des chiffres « tout à fait plausibles et même plutôt faibles, compte tenu de ce que l’on sait sur l’importance de la pollinisation ». Le chercheur allemand, qui a coprésidé le rapport mondial de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, salue « une très belle étude, qui intègre de grandes quantités de données dans un modèle transparent ». Les chercheurs ont ensuite modélisé l’effet de cette perte de production sur les prix, pays par pays, et l’effet induit sur la baisse de consommation de fruits et légumes. En utilisant les données les plus consensuelles de l’épidémiologie nutritionnelle, les auteurs sont parvenus à modéliser l’impact de la sous-consommation de ces produits sur la mortalité, et concluent à quelque 427 000 morts par an.

    Impacts inégalement distribués

    Or, comme le précise Matthew Smith (université Harvard), premier auteur de l’étude, les données utilisées pour estimer le défaut de pollinisation ont été collectées, sur les cinq continents, entre 2010 et 2014. « Depuis, la plupart des pressions causant des pertes de pollinisateurs sauvages ont continué ou se sont aggravées au niveau mondial, dit-il. Cela suggère que l’insuffisance de la pollinisation sauvage a aujourd’hui sur le rendement des cultures un effet plus important encore que nous ne l’avons estimé dans nos travaux. » Les impacts sont inégalement distribués. « La perte de production agricole est concentrée dans les pays à faible revenu, dit M. Settele, tandis que les impacts sur la consommation alimentaire et sur la mortalité attribuables à une pollinisation insuffisante sont plus importants dans les pays à revenu moyen et élevé, où les taux de maladies non transmissibles [cancers, maladies cardiovasculaires, etc.] sont plus élevés. » En clair, les auteurs montrent qu’« une part importante du fardeau sanitaire lié à la consommation insuffisante des aliments les plus sains est liée à des dommages que nous infligeons à notre environnement », ajoute M. Settele. Comment arbitrer entre les pertes de rendement par réduction des pesticides et celles qui sont induites par l’effondrement des pollinisateurs ? « L’agriculture conventionnelle a de nombreuses conséquences involontaires sur l’environnement : émissions considérables de gaz à effet de serre, pollution des sols et des cours d’eau, épuisement de ressources limitées comme les minéraux pour les engrais et l’eau douce pour l’irrigation, et c’est le principal facteur de perte de biodiversité au niveau mondial, répond M. Smith. Au contraire, favoriser les pollinisateurs sauvages pour augmenter le rendement des cultures n’a aucun dommage collatéral sur l’environnement. » Stéphane Foucart https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/20/un-demi-million-de-morts-par-an-seraient-attribuables-au-declin-des-insectes-pollinisateurs_6158647_3244.html Lien vers article https://doi.org/10.1289/EHP10947  Matthew R. Smith,Nathaniel D. Mueller, Marco Springmann, Timothy B. Sulser, Lucas A. Garibaldi, James Gerber, Keith Wiebe, and Samuel S. Myers 2022 Pollinator Deficits, Food Consumption, and Consequences for Human Health: A Modeling Study. Environmental Health Perspectives Volume 130, Issue 12

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