Les activités du GDR

Observatoire des abeilles exotiques de France métropolitaine

par | 26/06/2022

Dans plusieurs régions du monde, notamment sur le continent américain et en Océanie, de nombreuses espèces d’abeilles exotiques (souvent originaires d’Europe) sont présentes (Goulson 2003 ; Russo 2016). Ainsi, une quarantaine d’espèces exotiques (listées ici) sont recensées aujourd’hui en Amérique du Nord.

La présence d’abeilles hors de leur aire de répartition d’origine résulte dans la majorité des cas d’introductions involontaires associées au transport de marchandises. Parmi les introductions volontaires, celle de l’abeille mellifère (Apis mellifera), introduite pour la pollinisation des cultures et la production de miel, est la plus connue. D’autres espèces, telles que Bombus terrestris ou Megachile rotundata sont aujourd’hui présentes hors de leur aire d’origine du fait de leur utilisation pour la pollinisation.

En Europe, les abeilles exotiques sont plus rares. En 1996, une espèce nord-américaine, Xylocopa virginica, a été observée à quelques reprises en Angleterre (Falk & Lewington 2015). Rasmont et al. (2017) citent plusieurs espèces du genre Xylocopa originaires d’Afrique ou du Proche-Orient récemment observées en Europe mais excepté pour X. pubescens, bien établie en Grèce, les observations correspondantes ne semblent que ponctuelles.

Megachile (Callomegachile) sculpturalis SMITH 1853, originaire de l’est de l’Asie, est la seule espèce d’abeille exotique connue pour s’être installée dans plusieurs pays d’Europe.

En 2011, une seconde espèce asiatique du genre Megachile, M. disjunctiformis Cockerell 1911, a été observée en Italie (Bortolotti et al. 2018) mais elle n’a jusqu’à présent pas été signalée dans d’autres pays.

L’objectif de l’observatoire des abeilles exotiques de France métropolitaine est de suivre l’évolution de la distribution géographique de M. sculpturalis sur ce territoire, d’approfondir les connaissances sur son écologie et de mieux évaluer ses impacts sur la faune et la flore locales et, plus globalement, d’informer sur les espèces d’abeilles exotiques présentes en Europe et susceptibles d’être observées en France.

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Megachile sculpturalis, une espèce asiatique introduite en Amérique du Nord et en Europe

M. sculpturalis est une abeille solitaire de la famille des Megachilidae. Son aire d’origine s’étend sur plusieurs pays de l’est de l’Asie (Chine, Japon, Taïwan et péninsule coréenne). Elle est aujourd’hui présente en tant qu’espèce exotique aux États-Unis (détectée pour la première fois en 1994), au Canada (depuis 2002) et dans plusieurs pays européens.

La première observation en Europe a eu lieu en France en 2008 (Vereecken & Barbier 2009) puis elle a été observée en Italie en 2009, en Suisse en 2010, en Allemagne et Hongrie en 2015, en Slovénie en 2016, en Autriche en 2017, en Espagne et en Ukraine en 2018 et au Liechtenstein en 2019. Elle a récemment été mentionnée sur deux îles méditerranéennes : sur l’île d’Elbe au large de l’Italie en 2019 (Ruzzier et al. 2020) et sur Majorque, plus grande île de l’archipel des Baléares au large de l’Espagne, en 2020 (Ribas-Marquès & Díaz-Calafat 2021).

Des analyses génétiques ont récemment montré que plusieurs événements d’introduction indépendants ont probablement eu lieu en Europe, ce qui expliquerait la progression très rapide de l’espèce sur le continent (Lanner et al. 2021).

Son expansion en France

M. sculpturalis a été observée pour la première fois en 2008 en France métropolitaine, à Allauch près de Marseille dans le département des Bouches-du-Rhône (Vereecken & Barbier 2009). Les premières années, sa présence sur le territoire s’est faite discrète car aucune autre observation n’a été mentionnée. En 2011, elle a été signalée à Aix-en-Provence. En 2012, des observations ont été réalisées dans six communes supplémentaires, localisées dans les Bouches-du-Rhône mais également dans quatre départements proches (Alpes-de-Haute-Provence, Ardèche, Hérault et Var). C’est à partir de 2014, soit six ans après la première observation, que le nombre d’observations a commencé à croître plus fortement (Figure 1). Entre 2008 et 2020, M. sculpturalis a été observée dans 259 communes réparties dans 46 départements (figures 2 – 4). Le quart Sud-Est concentre la majorité des observations, Bouches-du-Rhône, Gard et Hérault en tête. Dans 12 départements, l’espèce n’a été observée que dans une seule commune (Figure 4) mais la progression vers l’ouest et le nord du pays se poursuit année après année.

Les données de présence ont été recueillies directement auprès des observateurs et sur les sites de sciences participatives nationaux (Faune-France, Spipoll, INPN Espèces, Le Monde des Insectes) ou internationaux (iNaturalist.org, observation.org).

Biologie

Période de vol

Les observations ont lieu entre début juin et début septembre, avec un pic d’activité en juillet (Figure 5) et concernent souvent des individus isolés mais aussi parfois des sites de nidification regroupant plusieurs dizaines d’individus, notamment dans des vieux arbres.

Alimentation

Comme toutes les abeilles, M. sculpturalis se nourrit de pollen (source de protéines) et de nectar (source de sucres). En France, entre 2008 et 2016, elle a été observée sur 20 espèces de plantes, exotiques (des genres Buddleia ou Perovskia par exemple) ou locales (lavandes par exemple) (Le Féon et al. 2018). Faute d’analyses polliniques en nombre suffisant, les connaissances manquent encore concernant les plantes utilisées pour la récolte du pollen. Des études ponctuelles ont montré que le sophora (Sophora japonica, arbre ornemental originaire d’Asie) et les troènes (genre Ligustrum, dont plusieurs espèces sont originaires d’Asie) sont utilisés mais il est incertain à ce jour qu’il s’agit des seules plantes visitées pour la récolte de pollen en Europe.

Nidification

Tandis que la majorité des abeilles nidifient dans le sol, M. sculpturalis fait partie des espèces cavicoles, c’est-à-dire qui installent leur nid dans des cavités préexistantes. Elle utilise les trous dans le bois mort ou dans les vieux arbres et les tiges creuses (de bambous ou de canne de Provence par exemple). Les cellules larvaires sont construites en résine de conifères ou d’érable notamment, d’où son nom anglais de « Giant Resin Bee ». Les parois du nid, autour des cellules en résine, comportent de petites quantités de terre. Le bouchon terminal (qui sépare le nid de l’extérieur) est constitué de terre et de résine et parfois garni de débris divers, tels que des petits morceaux de bois, de paille, de coton ou des pétales de fleurs. Les « hôtels à abeilles » constituent des lieux favorables à leur nidification (Geslin et al. 2020) et, de ce fait, à leur implantation en un endroit donné et à leur expansion.

Quels impacts sur la faune et la flore indigènes ?

Les abeilles véhiculent une image positive associée à l’apiculture et à leur rôle dans la pollinisation, largement médiatisé ces dernières années. Aussi, en comparaison d’autres animaux ou végétaux, une moindre attention est portée aux potentiels impacts négatifs sur les écosystèmes de l’introduction d’abeilles exotiques. Pourtant, plusieurs exemples montrent que ces introductions peuvent avoir des conséquences écologiques graves. Par exemple, Bombus dahlbomii, seule espèce de bourdon naturellement présente en Patagonie a rapidement décliné suite à l’introduction de deux espèces de bourdons européens, Bombus ruderatus et B. terrestris.

D’après Goulson (2003), les impacts négatifs associés à l’introduction d’abeilles exotiques peuvent classés en cinq catégories : (1) la compétition pour les ressources florales avec les pollinisateurs indigènes ; (2) la compétition pour les sites de nidification ; (3) l’introduction conjointe de pathogènes ; (4) la pollinisation de plantes exotiques et (5) les effets négatifs sur la reproduction des plantes indigènes. Nous manquons de recul aujourd’hui pour évaluer les impacts associés à la présence de M. sculpturalis hors de son aire d’origine. Cependant, les premières observations de terrain, en Amérique du Nord et en Europe, incitent à porter une attention particulière à la compétition possible pour les sites de nidification entre M. sculpturalis et les espèces d’abeilles indigènes. Si certains types de substrat sont en quantité limitée dans certains environnements, un phénomène de compétition peut subvenir. Par exemple, l’occupation par M. sculpturalis de cavités préalablement creusées par des xylocopes peut-elle affecter à plus ou moins long terme les populations de ces derniers ? Par ailleurs, M. sculpturalis peut également avoir un impact direct sur la mortalité d’autres insectes (par exemples certaines espèces d’osmies) en vidant parfois les nids et les larves qui s’y trouvent pour y pondre ses oeufs. Il est difficile d’estimer la fréquence de ce type d’événements et ses conséquences pour les populations d’insectes concernés. En Europe, certaines espèces d’abeilles des genres Anthidium, Lithurgus, Osmia, Xylocopa ou encore Megachile lagopoda sont susceptibles d’être négativement affectées par la compétition pour les sites de nidification ou l’usurpation de nids, dans des situations de populations fragiles ou de sites de nidification en nombre limité (Le Féon & Geslin 2018).

Recommandations lors de la création d’« hôtels à abeilles »

M. sculpturalis étant une abeille de grande taille, elle utilise pour nidifier des trous plus grands que la majorité des abeilles cavicoles de la faune française. Aussi, pour ne pas favoriser son implantation via l’installation des « hôtels à abeilles », il est utile que ceux-ci comportent uniquement des cavités d’un diamètre inférieur à 8 mm. Une gamme de diamètres compris entre 4 et 8 mm permet d’héberger les principales espèces susceptibles de nidifier dans les « hôtels à abeilles ».

Appel à données

Pour suivre de la façon la plus précise possible la distribution géographique de M. sculpturalis en France, approfondir les connaissances sur son écologie et mieux évaluer ses impacts sur la faune et la flore locales, nous vous invitons à nous communiquer vos données. L’idéal est de prendre des photos et de noter le maximum d’informations (date, lieu (coordonnées géographiques si possible, sinon au minimum le département et la commune), nombre et sexe des spécimens, comportement, plantes visitées, substrats utilisés pour la nidification, interactions éventuelles avec d’autres abeilles).

Cette page sera actualisée avec les données recueillies. Celles-ci pourront également être valorisées dans le cadre de programmes de recherche à l’échelle nationale ou internationale. En nous communicant vos données d’observation, vous acceptez qu’elles soient ainsi utilisées et éventuellement transmises à d’autres scientifiques.

Pour rechercher la présence de M. sculpturalis sur un territoire, sont à surveiller en particulier les plants de Sophora japonica, de Ligustrum sp. et de lavandes ainsi que les « hôtels à abeilles » et leurs abords.

Megachile disjunctiformis, une espèce à surveiller

Megachile disjunctiformis, également originaire de l’est de l’Asie, a été ponctuellement observée dans l’agglomération de Bologne dans le nord de l’Italie : 5 spécimens entre 2011 et 2017 (Bortolotti et al. 2018) puis de nouveau plusieurs spécimens en 2018, 2019 et 2020 (Franziska Luthi, communication personnelle). La présence de cette espèce est à surveiller en France, notamment dans les régions limitrophes de l’Italie.

Contacts :

Violette Le Féon (écologue indépendante) et Benoît Geslin (Maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille) – Adresse email : exotiques@oabeilles.net

Références :

Bortolotti L, Luthi F, Flaminio S, Bogo G & Sgolastra F, 2018. First record of the Asiatic bee Megachile disjunctiformis in Europe. Bulletin of Insectology 71 : 143 – 149.

Falk S & Lewington R, 2015. Field guide of the bees of Great Britain and Ireland. British Wildlife Field Guides. Bloomsbury.

Geslin B, Gachet S, Deschamps-Cottin M, Flacher F, Ignace B, Knoploch C, Meineri E, Robles C, Ropars L, Schurr L & Le Féon V, 2020. Bee hotels host a high abundance of exotic bees in an urban context. Acta Oecologica 105 : 103556.

Goulson D, 2003. Effects of introduced bees on native ecosystems. Annual Review of Ecology, Evolution and Systematics 34 : 1 – 26.

Lanner J, Huchler K, Pachinger B, Sedivy C & Meimberg H, 2020. Dispersal patterns of an introduced wild bee, Megachile sculpturalis Smith, 1853 (Hymenoptera: Megachilidae) in European alpine countries. PLoS ONE 15(7) : e0236042.

Lanner J, Gstöttenmayer F, Curto M, Geslin B, Huchler K, Orr MC, Pachinger B, Sedivy C, Meimberg H, 2021. Evidence for multiple introductions of an invasive wild bee species currently under rapid range expansion in Europe. BMC Ecology and Evolution 21:17. https://doi.org/10.1186/s12862-020-01729-x.

Le Féon V, Aubert M, Genoud D, Andrieu-Ponel V, Westrich P & Geslin B, 2018. Range expansion of the Asian native giant resin bee Megachile sculpturalis (Hymenoptera, Apoidea, Megachilidae) in France. Ecology and Evolution 8 : 1534 – 1542.

Le Féon V & Geslin B, 2018. Écologie et distribution de l’abeille originaire d’Asie Megachile sculpturalis Smith 1853 (Apoidea, Megachilidae, Megachilini) : un état des connaissances dix ans après sa première observation en Europe. Osmia 7 : 31 – 39.

Rasmont P, Devalez J, Pauly A, Michez D & Radchenko VG, 2017. Addition to the checklist of IUCN European wild bees (Hymenoptera: Apoidea). Annales de la Société Entomologique de France (N.S.) 53 : 17 – 32.

Ribas-Marquès E & Díaz-Calafat J, 2021. The Asian giant resin bee Megachile sculpturalis Smith 1853 (Hymenoptera: Apoidea: Megachilidae), a new exotic species for the bee fauna of Mallorca (Balearic Islands, Spain), Journal of Apicultural Research, DOI: 10.1080/00218839.2021.1874177

Russo L, 2016. Positive and negative impacts of non-native bee species around the world. Insects 7 : 69.

Ruzzier E, Menchetti M, Bortolotti L, Selis M, Monterastelli E & Forbicioni L, 2020. Updated distribution of the invasive Megachile sculpturalis (Hymenoptera: Megachilidae) in Italy and its first record on a Mediterranean island. Biodiversity Data Journal 8: e57783. https://doi.org/10.3897/BDJ.8.e57783

Vereecken NJ & Barbier E, 2009. Premières données sur la présence de l’abeille asiatique Megachile (Callomegachile) sculpturalis Smith (Hymenoptera, Megachilidae) en Europe. Osmia 3 : 4 – 6.

Remerciements :

Nous remercions vivement toutes les personnes qui nous communiquent leurs observations depuis plusieurs années. Merci également à Matthieu Aubert, David Genoud, Quentin Rome et Bertrand Schatz pour leur aide dans la mise en place de cet observatoire et aux photographes qui ont autorisé l’utilisation de leurs images. Les données issues du portail naturaliste Faune-France sont intégrées à ce travail dans le cadre du partenariat, coordonné par David Genoud, entre Faune-France et l’Observatoire des Abeilles. Les données récentes du Spipoll ont été obtenues avec l’aide de Gégoire Loïs. Merci à Franziska Luthi pour les informations actualisées sur M. disjunctiformis. Merci à Marie Filipe pour son aide à la réalisation des cartes animées.

Cet observatoire a bénéficié en 2020 et 2021 d’un financement du GDR Pollinéco (POLLINisation, réseaux d’interaction et fonctionnalité des ÉCOsystèmes).

Comment reconnaître Megachile sculpturalis ?

L’identification des abeilles (environ 20 000 espèces dans le monde et 1000 espèces en France) requiert dans la majorité des cas une grande expertise (collecte des individus, identification avec des clés d’identification rarement disponibles en français, comparaison avec des collections de référence). Sous réserve de quelques précautions de rigueur (d’autres abeilles, des andrènes notamment, présentent une coloration semblable), M. sculpturalis est assez facilement identifiable et se distingue facilement des autres espèces d’abeilles de France métropolitaine

C’est une abeille de grande taille (environ 2 à 2,5 cm de long pour les femelles et 1,5 à 2 cm pour les mâles). Les individus des deux sexes ont des ailes fumées, un thorax recouvert de poils roux et un abdomen noir. Comme chez les autres espèces de la famille des Megachilidae, les femelles possèdent une brosse de poils sous l’abdomen pour la récolte du pollen. Outre l’absence de cette brosse de poils, les mâles se reconnaissent à la frange de poils clairs sur le devant de la tête.

Comment reconnaître Megachile disjunctiformis ?

Le mâle et la femelle ont les ailes fumées et le corps noir avec une pilosité blanche à l’arrière du thorax et à la base de l’abdomen. Les mâles (10 mm environ de long) sont plus petits que les femelles (18 mm de long au maximum). La brosse ventrale de la femelle est bicolore, composée de poils blanc crème sur la première moitié et de poils noirs sur la seconde. Comme chez M. sculpturalis, les mâles se reconnaissent à la frange de poils clairs sur le devant de la tête.

— Brèves —

  • Un demi-million de morts par an seraient attribuables au déclin des insectes pollinisateurs
    Des chercheurs de l’université Harvard ont modélisé l’impact du défaut de pollinisation sur la production agricole, les prix et les effets induits sur l’alimentation et la santé. Si les scientifiques chiffrent souvent en dollars les dégradations de l’environnement, leurs effets sanitaires, de fait, sont souvent bien plus difficiles à évaluer. Une équipe pilotée par l’université Harvard (Etats-Unis) s’est attelée à cet exercice délicat, s’agissant des effets de l’effondrement des insectes pollinisateurs. Publiés dans la dernière livraison de la revue Environmental Health Perspectives, en décembre 2022, ses résultats sont frappants : à l’échelle mondiale, l’impact alimentaire du défaut de pollinisation des cultures serait responsable de près d’un demi-million de morts prématurées par an. Un chiffre sans doute en deçà de la réalité, selon les auteurs. Ces derniers ont d’abord évalué, région par région, les effets de la chute des populations de pollinisateurs sauvages (bourdons, syrphes, papillons, etc.) sur la production agricole. « Leurs résultats indiquent que de 3 % à 5 % de la production de fruits, légumes et fruits à coque sont perdus en raison d’une pollinisation insuffisante », décrypte Josef Settele (Helmholtz Centre for Environmental Research de Halle, Allemagne), qui n’a pas participé à ces travaux. Des chiffres « tout à fait plausibles et même plutôt faibles, compte tenu de ce que l’on sait sur l’importance de la pollinisation ». Le chercheur allemand, qui a coprésidé le rapport mondial de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, salue « une très belle étude, qui intègre de grandes quantités de données dans un modèle transparent ». Les chercheurs ont ensuite modélisé l’effet de cette perte de production sur les prix, pays par pays, et l’effet induit sur la baisse de consommation de fruits et légumes. En utilisant les données les plus consensuelles de l’épidémiologie nutritionnelle, les auteurs sont parvenus à modéliser l’impact de la sous-consommation de ces produits sur la mortalité, et concluent à quelque 427 000 morts par an.

    Impacts inégalement distribués

    Or, comme le précise Matthew Smith (université Harvard), premier auteur de l’étude, les données utilisées pour estimer le défaut de pollinisation ont été collectées, sur les cinq continents, entre 2010 et 2014. « Depuis, la plupart des pressions causant des pertes de pollinisateurs sauvages ont continué ou se sont aggravées au niveau mondial, dit-il. Cela suggère que l’insuffisance de la pollinisation sauvage a aujourd’hui sur le rendement des cultures un effet plus important encore que nous ne l’avons estimé dans nos travaux. » Les impacts sont inégalement distribués. « La perte de production agricole est concentrée dans les pays à faible revenu, dit M. Settele, tandis que les impacts sur la consommation alimentaire et sur la mortalité attribuables à une pollinisation insuffisante sont plus importants dans les pays à revenu moyen et élevé, où les taux de maladies non transmissibles [cancers, maladies cardiovasculaires, etc.] sont plus élevés. » En clair, les auteurs montrent qu’« une part importante du fardeau sanitaire lié à la consommation insuffisante des aliments les plus sains est liée à des dommages que nous infligeons à notre environnement », ajoute M. Settele. Comment arbitrer entre les pertes de rendement par réduction des pesticides et celles qui sont induites par l’effondrement des pollinisateurs ? « L’agriculture conventionnelle a de nombreuses conséquences involontaires sur l’environnement : émissions considérables de gaz à effet de serre, pollution des sols et des cours d’eau, épuisement de ressources limitées comme les minéraux pour les engrais et l’eau douce pour l’irrigation, et c’est le principal facteur de perte de biodiversité au niveau mondial, répond M. Smith. Au contraire, favoriser les pollinisateurs sauvages pour augmenter le rendement des cultures n’a aucun dommage collatéral sur l’environnement. » Stéphane Foucart https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/20/un-demi-million-de-morts-par-an-seraient-attribuables-au-declin-des-insectes-pollinisateurs_6158647_3244.html Lien vers article https://doi.org/10.1289/EHP10947  Matthew R. Smith,Nathaniel D. Mueller, Marco Springmann, Timothy B. Sulser, Lucas A. Garibaldi, James Gerber, Keith Wiebe, and Samuel S. Myers 2022 Pollinator Deficits, Food Consumption, and Consequences for Human Health: A Modeling Study. Environmental Health Perspectives Volume 130, Issue 12
  • Prolongation autorisation néonicotinoïdes sur les betteraves
    Vous êtes d'accord avec l'usage des néonicotinoïdes sur les betteraves sucrières ? Vous voulez donner votre avis? Une consultation publique est en cours jusqu’au 24 janvier : https://formulaires.agriculture.gouv.fr/index.php/646927
  • Appel à candidats pour MCU IEES Paris
    Voici l'annonce pour l'ouverture d'un poste MCU intitulé "Ecologie et évolution des réseaux d'interactions mutualistes" dans la section 67 du CNU (Biologie des populations et écologie). Contact Isabelle Dajoz MAITRE DE CONFERENCES REJOINDRE UNIVERSITÉ PARIS CITÉ Ancrée au cœur de la capitale, Université Paris Cité figure parmi les établissements français et internationaux les plus prestigieux grâce à sa recherche de très haut niveau, ses formations supérieures d’excellence, son soutien à l’innovation et sa participation active à la construction de l’espace européen de la recherche et de la formation. Labellisée Idex depuis mars 2018, Université Paris Cité s’appuie sur ses enseignants, ses chercheurs, ses enseignants-chercheurs, ses personnels administratifs et techniques, ses étudiants, pour développer des projets scientifiques à forte valeur ajoutée, et former les hommes et les femmes dont le monde de demain a besoin. Des sciences exactes et expérimentales aux sciences humaines et sociales, en passant par la santé, Université Paris Cité a fait de l’interdisciplinarité un marqueur fort de son identité. Elle compte aujourd’hui 64 000 étudiants, 7 500 personnels, 138 laboratoires, répartis au sein de ses trois grandes Facultés en Santé, Sciences et Société et Humanités et de l’institut de physique du globe de Paris. Rejoindre Université Paris Cité c’est faire le choix de l’exigence et de l’engagement au service de valeurs fortes ; celles du service public, de la rigueur scientifique et intellectuelle mais aussi de la curiosité et de l’ouverture aux autres et au monde.
    RÉFÉRENCE GALAXIE  
    PROFIL DU POSTE MCU - Ecologie et évolution des réseaux d’interactions mutualistes
    SECTION(S) CNU 6700 - Biologie des populations et écologie
    LOCALISATION Campus Grands Moulins
    AFFECTATION STRUCTURELLE UFR des Sciences du Vivant (SDV)
    LABORATOIRE(S) UM 113 Institut d'Ecologie et des Sciences de l'Environnement de Paris (IEES)
    DATE DE PRISE DE FONCTION 01/09/2023
    MOTS-CLÉS Écologie Interactions Écologie des communautés Environnement
    JOB PROFILE Ecology and evolution of networks of mutualistic interactions
    RESEARCH FIELDS EURAXESS Biological sciences
    ZONE À RÉGIME RESTRICTIF (ZRR) NON
    VACANT / SUSCEPTIBLE D’ÊTRE VACANT  
      ENSEIGNEMENT - OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES ET BESOIN D'ENCADREMENT, FILIÈRES DE FORMATION CONCERNÉES L’EC recruté participera aux enseignements théoriques, pratiques et de terrain en écologie fonctionnelle, écologie des peuplements et écologie évolutive. Les enseignements concernés permettront de développer les thématiques d’écologie fondamentale et évolutive en les appliquant au contexte de l’Anthropocène, caractérisé par un impact croissant des activités humaines sur la biosphère. Ainsi, il est prévu de renforcer et faire évoluer grâce à ce recrutement des enseignements axés sur l’écologie des milieux anthropisés, la transition écologique, le développement durable et la préservation des services écologiques. Une part importante des enseignements sera menée dans le cadre de stages de terrain : l’EC recruté devra donc posséder des compétences naturalistes, qui sont de plus en plus valorisées dans le domaine professionnel auquel aboutissent nos formations.   Enseignements en écologie et biologie évolutive dans les cursus suivants : L1, L2, L3 toutes disciplines de l’Université Paris-Cité : UE Transition écologique et enjeux sociétaux L2 et L3 Sciences du Vivant, Sciences de la Vie et de la Terre, double licence Université Paris Cité – Sciences Po: UE Initiation à l’écologie, UE Ecologie, UE Ecologie évolutive et dynamique de la biodiversité Master 1 Risques et Environnement, parcours Ecosystèmes et Biodiversité  : UE Ecologie fondamentale et appliquée, UE Formation au diagnostic écologique, sorties et stages de terrain Master 2 Risques et Environnement –Parcours Expertise écologique : UE Analyse des écosystèmes au sein des territoires, UE Méthodologies innovantes dans l’expertise naturaliste RECHERCHE Le projet de recherche se placera dans le cadre des liens entre le fonctionnement des réseaux d’interactions et les fonctions écologiques essentielles qui en découlent. Il sera focalisé sur les réseaux d’interactions mutualistes entre plantes et pollinisateurs. L’enjeu sera de comprendre l’impact de diverses composantes des changements globaux (changement climatique, fragmentation et urbanisation des habitats) sur les communautés d’espèces concernées par ces relations de pollinisation, leur biodiversité, leur évolution et leur capacité à fournir des fonctions et services écologiques. Des compétences naturalistes et/ou en SIG et/ou d’analyse et de gestion de bases de données seront un plus. MODALITÉS D’AUDITION Décret n°84-431 du 6 juin 1984, article 9-2 : « (…) L'audition des candidats par le comité de sélection peut comprendre une mise en situation professionnelle,  sous forme notamment de leçon ou de séminaire de présentation des travaux de recherche. Cette mise en  situation peut être publique. »
    Audition publique NON

    Mise en situation NON

    Leçon – préciser (durée, modalités)

    non
    Présentation des travaux de recherche – préciser (durée, modalités) Présentation : 10 min Questions et échanges avec le jury : 10 min

    Séminaire – préciser (durée, modalités)

    non
     
    Toutes les informations relatives aux modalités de candidature et aux comités de sélection sont disponibles sur le site Internet d’Université Paris Cité.
       
  • un vaccin pour les abeilles domestiques ?
    ça vous dit un vaccin pour les abeilles domestiques ? Bonne lecture https://www.theguardian.com/environment/2023/jan/04/honeybee-vaccine-first-approved

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